Cardamone marche, un bout de miroir tourné vers le ciel, et dessine, inlassablement, sur des bouts de papier. Elle rencontre Curcuma, un jeune garçon. Il lui fait voir les « pieds de vents », ces rayons de soleil qui traversent les nuages lorsqu’ils sont troués et s’effilochent, signes d’une vie nouvelle. « Tu es belle comme le reflet du soleil dans une pupille » lui dit-il.
Pour elle, migrer, ce n’est pas abstrait, c’est se déplacer, parcourir des kilomètres, chercher une place où se recomposer, où vivre. En marchant, en découvrant, en apprenant, la jeune fille grandit. Elle devient femme.
Pour Daniel Danis, les mots sont les créateurs d’espace et de territoires. Dans sa langue savoureuse, le québécois tisse des océans et des forêts, des vagues, des ciels mouvants, tout un monde d’images subtiles et fulgurantes.
Comme dans un conte de fées, il y a la beauté et le chaos, le conflit et sa résolution, la guerre et la paix, une intensité qui nous prend.
Entre rêve et réalité, entre intérieur et extérieur, entre ce que Cardamone perçoit et ce qu’elle imagine, c’est aussi l’histoire d’un passage de l’enfance à l’âge adulte.
On touche à un au-delà des mots, fait de sensation, d’intuition et de « magie », à la poésie la plus impalpable et la plus essentielle.