Dans le cadre de notre temps fort Attention Bessette ! en partenariat avec le théâtre Maison d’Elsa à Jarny et le festival Poema, nous proposons une lecture de Vingt minutes de silence de Hélène Bessette.
Villa cossue du bord de la Manche. Un homme est mort à l’issue d’une randonnée en auto, d’une balle de son propre revolver, qu’il tenait des Allemands. Dans cette famille, le père a un coffre-fort, une clé anglaise, une bougie, et une bonne qui s’appelle Rose. Le fils a une balançoire, un jeu de croquet, un loden, une auto. Dans cette famille, certains lisent des romans policiers pour s’endormir (le père), d’autres au lieu de dormir (le fils), d’autres dans la solitude des femmes mal mariées (la mère). Tout peut basculer, à commencer par ce décor et ces personnages, plus factices qu’il n’y paraît. Vingt minutes de silence, c’est le temps qu’il a fallu à la famille pour prévenir le médecin après la mort de leur mari et père. S’inspirant d’un fait divers réel, l’auteur préféré de Raymond Queneau et de Marguerite Duras bâtit un univers sans réelle intrigue, comme elle seule sait en créer. Ici, le criminel, c’est l’écrivain, qui s’attaque au genre du roman policier en détournant l’enquête. Le mystère est partout, l’étonnement du lecteur aussi. Et tout devient suspect.
Vingt minutes de silence de Hélène Bessette – éditions Le Nouvel Attila
Lecture par Christine Koetzel
Entrée libre
La vie d’Hélène Bessette est comme elle l’écrit elle-même « romanesque par nature. » Fille du peuple « née obscurément » en 1918, Hélène Bessette publie treize romans chez Gallimard entre 1953 et 1973 qui lui valent l’admiration et le soutien de Raymond Queneau, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Jean Dubuffet, André Malraux …
Tous reconnaissent en elle un écrivain d’exception, mais l’incompréhension qui accompagne son oeuvre et l’hostilité qu’elle provoque la condamnent à une vie d’anonymat, de misère et d’exil. Hélène Bessette termine sa vie femme de ménage et meurt en 2000, oubliée de la littérature, laissant derrière elle une oeuvre considérable et unique en son genre.
Depuis la réédition de certains de ses romans (2006, Ed. Léo Scheer), sa modernité s’impose à nouveau et son influence grandissante sur la littérature contemporaine semble donner raison à celle qui déclarait à ses fils « je serai connue trente ou cinquante ans après ma mort. »
« La littérature vivante, pour moi, pour le moment, c’est Hélène Bessette, personne d’autre en France. » Marguerite Duras