Dans le cadre de l’Année photographique (mai 2024- mai 2025), le musée des Beaux-Arts présentera dans son cabinet d’arts graphiques une succession d’œuvres de photographes contemporains entrées récemment dans ses collections. Se succèderont ainsi: Vasco Ascolini, Patrick Bailly-Maître-Grand, Jean-Luc Tartarin et Françoise Saur. L’automne sera le point d’orgue de cette année thématique, avec trois expositions consacrées à la photographie, réunies sous le titre commun de « Visions ».
Pour lancer cette année photographique, le Musée des Beaux-Arts propose une sélection représentative du travail de Vasco Ascolini.
Né à Reggio Emilia (Italie) en 1937, Vasco Ascolini étudie la photographie aux Etats-Unis et à Parme, et commence son activité photographique au milieu des années 1960. Il affirme son style personnel pendant sa longue collaboration avec le Théâtre Municipal de Reggio Emilia (1973-1990). C'est autour et sur la scène qu'il comprend la puissance évocatrice du noir, et sa capacité à rendre les présences corporelles palpables grâce aux jeux dramatiques de lumière. Invité en 1991 par Michèle Mutashar, conservatrice du musée Réattu, à photographier Arles, il réalise son premier travail d'envergure ayant pour thème l'architecture, qui rencontre un succès international grâce aux Rencontres photographiques. C'est en effet dans l'architecture et dans l'observation des matières minérales que s'exprime le plus librement le talent d'Ascolini, qui sera dès lors maintes fois appelé à travailler dans des lieux prestigieux partout en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Ses photographies figurent entre autres dans les collections du Metropolitan Museum of Art, du MoMA, de la Bibliothèque nationale de France, du musée Carnavalet et du Petit Palais à Paris.
En 2019 le photographe a honoré le musée des Beaux-arts de Nancy d'une généreuse donation de ses œuvres. Ces 120 tirages réalisés au fil des années permettent de retracer son parcours artistique depuis 1970 jusqu'à aujourd'hui.
Les quelques œuvres réunies ici ne sauraient décrire la totalité des recherches plastiques du photographe. Mais elles permettent d'approcher son vocabulaire, et d'en observer la construction dans le temps.
Sa maîtrise des noirs, reconnaissable entre toutes, a commencé à s'affirmer dans les clairs-obscurs du théâtre d'avant-garde. Véritable empire des signes, la scène a joué un rôle crucial dans la maturation de nombreux photographes dans les années 1970-1980, et a permis à Vasco Ascolini d'explorer la lumière artificielle sous toutes ses formes.
La sculpture, qu'il photographie dans son contexte d'origine (palais, châteaux, ruines antiques...) autant qu'au musée, va devenir son laboratoire préféré. Tout un peuple de l'ombre s'insinue dans ses images, très composées et silencieuses.
Au fil des années, les lignes s'épurent, les visages disparaissent derrière les textures. Le marbre et ses veinures, les ombres portées, les béances des portes attirent irrésistiblement le regard du photographe. Sa photographie radicale évacue toute présence humaine explicite, et ramène au cœur du visible l'interrogation qui fonde toute image: qu'est-ce que voir?
Le travail de Vasco Ascolini, véritable entreprise alchimique, œuvre au noir patiemment reconduite des décennies durant, nous invite à l'introspection.