Le projet d’urbanisme Nancy Grand Cœur porté par la métropole du Grand Nancy en partenariat avec la Ville de Nancy a l’ambition de remodeler tout un morceau de ville, de la gare jusqu’à l’avenue du Général Leclerc. La prison Charles III, édifiée en 1850, fait partie de ce périmètre. Sa démolition en 2010 a posé la question de la mémoire de ce lieu et du quartier, marqué par les terribles événements de la déportation.
La Ville de Nancy avec le Ministère de la Culture et de la Communication lance un appel à candidatures pour la conception et la réalisation d'une œuvre d'art contemporain, originale et publique, pour la future place des Justes, au cœur de l'écoquartier Nancy Grand Cœur, à proximité du lycée Cyfflé. Cette commande publique se fait sous la maîtrise d'ouvrage de la Ville de Nancy. Elle devra tenir compte de la particularité mémorielle du lieu.
L’histoire au cœur du projet est celle d’Édouard Vigneron, Pierre Marie et trois collègues policiers qui ont porté secours à la communauté juive de Nancy lors de la rafle des Juifs de Nancy en 1942. La rafle du Vélodrome d'Hiver a débuté le 16 juillet 1942. Le 18 juillet 1942, le chef du service des étrangers de la police de Nancy, Édouard Vigneron, a appris que la rafle des Juifs de Nancy était pour le lendemain. Il a convoqué tous les policiers qu'il pouvait joindre pour qu'ils fassent fuir tous les Juifs menacés. Il n'a pas hésité à les faire accompagner à la gare et à leur faire remettre tickets et laissez-passer pour qu'ils puissent rejoindre la Zone libre. Des policiers ont abrité chez eux des Juifs menacés. Édouard Vigneron a été arrêté après ces événements. Il a été libéré et réhabilité à la Libération. Édouard Vigneron, Pierre Marie et trois collègues policiers, Charles Bouy, François Pinot et Charles Thouron, ont reçu la médaille de Juste parmi les nations de Yad Vashem.
L’œuvre devra placer en son cœur la narration sur la désobéissance civique qui a permis aux policiers nancéiens, Justes parmi les Nations, de sauver près de 350 juifs en 1942 et leur rendre hommage. Elle devra également symboliser les valeurs d’espérance, de courage, de solidarité et d’ouverture, et d’espoir en l’avenir.
Il n’est pas demandé de projet à ce stade de consultation. Cette première phase de candidature permettra la sélection de trois candidatures pour la réalisation d’études artistiques. Les 2 candidats non retenus recevront chacun une prime de 5 000 euros.
Le coût de ce projet, qui s'élève à 300 000 euros, sera pris en charge à parité par la Ville de Nancy et l'Etat.
Il faut souligner que depuis 2008, un "groupe mémoire" composé d'habitants, d'associations d'anciens combattants, résistants et déportés, de représentants de la communauté juive s'est constitué avec le soutien de la mairie et du Grand Nancy afin de réfléchir sur la conservation des éléments du passé de la prison et sur la question de la préservation de la mémoire dans un quartier en profonde mutation urbaine. Parmi les différents espaces mémoriels qui seront intégrés à cet aménagement, ce groupe mémoire a suggéré l’installation d’une œuvre artistique porteuse de sens sur la place des Justes. La Ville de Nancy, avec la Métropole du Grand Nancy, a soutenu cette idée en proposant de travailler à une commande publique artistique en partenariat avec le Ministère de la Culture.